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Appel à contributions 

ca s'appelle VIOL

revue féministe

«pour leur foutre

dans la gueule

ce qu’on nous a fait

dans le noir»

dead line : 1er septembre 2024

envoi avant le 1er septembre 2024

à nanmarcinan@gmail.com

Contexte

 

Cette revue est un projet de longue date qui a été accéléré par le contexte Depardieu. Ces derniers mois, nous avons assisté à une grande confession publique consistant à avouer que le viol, les agressions sexuelles, la réduction du corps de l’autre à un objet pour soi sont autorisées. Les réactions critiques proposées depuis sont souvent d’une grande pauvreté. Nous pensons notamment à la contre-tribune proposée par Cerveaux non disponibles, destinée aux artistes, pour « montrer que le monde de la culture ne se résume pas » aux soutiens de Depardieu. Nous pensons au contraire que l’affaire Depardieu, loin d’être un « scandale », est le miroir fidèle de notre monde, y compris celui de la culture, celui dans lequel nous vivons tous et toutes quotidiennement. C’est bien ça le problème.

Ligne théorique & politique

Car le viol structure le monde social, à la fois dans sa permanence et sa banalité (on s’est toustes fait·e·s violer) et dans son invisibilité (pourtant on n’en dit pas un mot, ou pas en dehors du cadre très particulier de la confidence). Le viol vise majoritairement certains corps, notamment celui des enfants, propriété de la famille, celui des femmes cis-trans, propriété de la société toute entière ; des personnes TPG, racisées, précaires, de celles privées de droits, des personnes handicapées, atteintes de troubles psychiques, des personnes dépendantes... Le viol fait partie intégrante de nos destins sociaux. Face à la visibilité écrasante et à l’accord massif entourant la figure de l’agresseur, nous entendons rendre visible l’agression elle-même, et donner à voir le viol, en pleine lumière, saturé des couleurs, des mots, des images qui sont les nôtres.


La revue offre un exutoire, un espace de catharsis pour nous libérer, nous défaire de ces expériences. Ici, le négatif, la perte, la dépossession, la néantisation, la menace de mort existent tels qu’on les a vécus, point. Nous n’avons ni à rougir de ce qu’on nous a fait, ni à le cacher, et encore moins à protéger celles et ceux qui nous entourent de la violence qu’on a vécue. Faisons déborder leurs yeux de nos corps tétanisés, des couteaux sous notre gorge, des flics qui nous envoient balader, du sentiment d’être supprimé.e.s sans que ce soit grave pour personne, des parents qui ne nous défendent pas, des douleurs dans le ventre, des cicatrices, de l’amnésie, des cauchemars, des douleurs partout, des viols d’après les viols et de la solitude totale, de la double peine quand on l’ouvre enfin et qu’on se mange une baffe. On l’a vécu, on le montre, point.

Comment penser le viol ? Caractérisation liminaire 

Pour qualifier le viol au plus proche de ce qu’il est comme réalité vécue, nous proposons une mise en suspens des définitions communément reçues et l’ouverture de nouveaux espaces de sens et de représentations. La définition générale de laquelle nous proposons de partir - et que nous invitons chaque contributeur et contributrice à interroger, critiquer, remanier - n’est pas juridique, mais existentielle : violer quelqu’un c’est utiliser son corps contre ou indépendamment de son propre consentement. Le viol n’est pas, pour la personne qui le subit, une expérience d’abord sexuelle, même douloureuse, même contrainte, il est d’une toute autre nature : c’est une pure expérience de négativité, une expérience de mort, de néantisation de soi dans le plus intime. Tout d’un coup, on n’est plus son corps, on n’est plus à soi, on n’a plus de droit sur soi, et « soi » même n’existe plus. C’est une contradiction vécue qui est intenable et qui dure bien après l’acte du viol. Il s’agit d’une bifurcation existentielle radicale qui nous est imposée structurellement par la société normale, celle « qui va bien », par la gentille famille hétérosexuelle, par les gens propres, par le monde quotidien dans son ensemble, car toute la normalité du monde contribue au viol.

Cela invite également à repenser sous un autre angle ces expériences de pertes de soi qui sont classiquement ramenées à la folie ou la psychose et à les intégrer comme objets centraux de la théorie féministe et queer. Les expériences de dissociation, clivage, déréalisation, éclatement et fragmentation du soi etc. doivent être arrachées à la psychologisation, à la médicalisation, à la psychiatrisation, bref, aux langages et pratiques acritiques et destructrices qui s’emparent de nous. Parce qu’interner quelqu’un.e que les violences ont enfermé dans la perte de soi, c’est le.la violer une seconde fois

Contributions acceptées 

Textes (indicatif : 10/15 pages)

Nous laissons chacun.e libre de choisir le genre et le type de discours qui lui convient le mieux. A titre d’exemple, nous acceptons : fiction, poésie, témoignages critiques, travail sur les archives (documents juridiques ou marqueurs de mémoire personnels) tous types de travaux de recherche en sciences humaines et en philosophie, phénoménologie du viol et du monde post- traumatique, révisions critiques de théories participant de l’invisibilisation et de la normalisation du viol, critique sociale, théorie du genre et de son abolition, antipsychiatrie, réflexion sur la sexualisation et l’appropriation spécifique des corps racisés, réflexion sur le viol en institution psychiatrique, sur le rapport acritique de la psychanalyse contemporaine au viol, sur les actualisations critiques, féministes et queer, de la psychanalyse etc.

Images (indicatif : 10 propositions)

Aucune contrainte formelle. A titre d’exemple, nous acceptons: peinture, dessin, bd, illustration, collage, détournement, photographie, image générée par IA, etc.
NB : les images peuvent être explicites ou non.

Productions audiovisuelles (indicatif : 5 propositions)

Nous acceptions les créations visuelle ou audio de tous types, film documentaire / de fiction, podcast, musique originale, détournement, mais également : entretiens filmés formels ou informels, etc. Les fichiers seront rendus disponibles par un QR code imprimé dans la revue. Si la revue est mise en ligne, ils seront disponibles directement sur le site web.

* un.e seul.e contributeurice peut proposer un dossier incluant plusieurs médias

* les contributions collectives sont encouragées

* Nous acceptons les contributions en anglais

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